L’ACCTA répond au PDG de NAV Canada

25 février 2020

L’ACCTA répond au PDG de NAV Canada

Ray Bohn, président et chef de la direction de NAV Canada, est consterné par les commentaires formulés par l’ACCTA au sujet de changements potentiels dans le niveau de service offert à plusieurs aéroports, ainsi que de mises à pied dans plusieurs centres de contrôle régional. Sa réponse est tout aussi consternante, car il continue à faire des affirmations qui ne tiennent pas la route à l’examen. Les membres de l’ACCTA sont particulièrement qualifiés pour juger de la véracité des affirmations faites.

Nous sommes d’accord pour dire que toutes les décisions devraient être prises « dans l’intérêt de préserver l’intégrité et la durabilité du système de navigation aérienne du Canada ». Nous soutenons que NAV Canada ne le fait pas, et que cela aura un impact sur la sécurité. C’est dans leur réponse aux impacts de COVID-19 sur la situation financière de la société que M. Bohn et les dirigeants de NAV Canada ont pris des décisions qui auront un impact négatif prévisible à long terme sur la sécurité et la viabilité des services de navigation aérienne. L’ACCTA comprend les préoccupations financières, et elles sont réelles, mais notre activité est la sécurité. L’entreprise doit financer l’ensemble de l’ANSP, et non pas simplement adapter les services de sécurité à ses ressources actuelles temporairement réduites.

Le portail de NAV Canada consacré à la santé et au bien-être déclare : « NAV CANADA considère que la santé mentale et la sécurité psychologique de ses employés sont aussi importantes que tous les autres aspects de la santé. Nous nous engageons à promouvoir et à soutenir un lieu de travail mentalement sain par le biais de politiques, de programmes et de services appropriés. En encourageant et en soutenant les discussions ouvertes, NAV CANADA s’efforce d’éliminer la stigmatisation entourant les maladies mentales ». Les récentes décisions de NAV Canada sont en contradiction directe avec leur politique déclarée. Tout niveau de détresse mentale peut avoir un impact sur la capacité à contrôler les avions, même lorsque l’employé lui-même pense être capable de la mettre de côté. La détresse mentale directement liée à la conduite de l’employeur a été et continue d’être essentielle pour affirmer que la sécurité est toujours menacée.

Il y a toujours un manque total d’attention et de compréhension des impacts psychologiques des décisions de NAV Canada concernant le statut d’emploi de ses contrôleurs aériens, dont certains ont reçu un avis de mise à pied imminente et dont les autres ont le sentiment que leurs positions sont dans un état précaire permanent. L’impact d’une perte d’emploi imminente ne peut être exagéré. Le travail est l’un des aspects les plus fondamentaux de la vie d’une personne. Il lui fournit un moyen de soutien financier et, ce qui est tout aussi important, un rôle contributif dans la société. L’emploi d’une personne est une composante essentielle de son sentiment d’identité, de sa valeur personnelle et de son bien-être émotionnel. Ce phénomène est particulièrement amplifié lorsqu’une personne s’est formée pendant des années pour devenir un expert et travaille dans un environnement monopolistique et sensible à la sécurité où l’employeur contrôle son gagne-pain. Elle a également des répercussions sur des communautés entières qui comptent sur ce service et sur les avantages économiques que représente la présence d’installations de NAV Canada en leur sein.

NAV Canada a déjà réduit la taille de ses effectifs et propose d’autres réductions afin « d’ajuster et d’aligner nos effectifs sur nos nouvelles réalités ». Mais les nouvelles réalités auxquelles M. Bohn fait référence sont temporaires. Le trafic reviendra, et il n’y aura pas assez de personnel pour effectuer les travaux. Selon le nouveau plan de dotation en personnel de NAV Canada, qui est entré en vigueur après la pandémie à la fin de l’année dernière, les unités de contrôle de la circulation aérienne sont dotées d’un personnel proche de 100 % ; toutefois, ce chiffre est basé sur des niveaux de trafic considérablement réduits, qui sont inférieurs de 60 % aux niveaux de 2019 pour les avions commerciaux réguliers. On est loin des niveaux d’effectifs d’avant la COVID, où il manquait près de 13 % des licences de contrôle de la circulation aérienne.

En 2019, les contrôleurs aériens de NAV Canada étaient déjà à court de personnel. Ces nouvelles réductions, sans aucune formation en place, ne font qu’aggraver la situation. Le fait d’établir des exigences en matière de dotation en personnel à la suite de la plus grande baisse du trafic aérien de mémoire d’homme (le résultat d’une baisse temporaire de la demande d’aviation en raison d’une pandémie mondiale), de licencier des contrôleurs qualifiés en fonction de ces exigences, et de n’offrir aucune formation en cours pour combler les postes, ne répond guère à la responsabilité de « préserver l’intégrité et la durabilité du système de navigation aérienne du Canada ».

Les contrôleurs ont été et seront licenciés pour réduire les effectifs. Presque tous les stagiaires ont été licenciés, ce qui signifie que personne n’est en formation pour combler le vide lorsque le trafic reprendra. Il faut deux à trois ans pour former un contrôleur aérien, et le taux de réussite de la formation est faible en raison des compétences élevées et du stress liés à ce travail, mais il n’y a pas de formation à l’heure actuelle. Le système manquera cruellement de personnel lorsque les transporteurs commerciaux reprendront leurs vols. Cela entraînera des retards et une augmentation significative de la charge de travail pour les contrôleurs qui travaillent encore. C’est M. Bohn qui est malhonnête s’il suggère que cela n’aura pas d’impact prévisible sur la sécurité.

Tout cela ne tient pas compte du fait que pour les aéroports d’aviation générale, ceux qui prennent en charge la formation au pilotage, les pilotes privés, les charters et les avions d’affaires, le trafic est déjà revenu. La plupart de ces aéroports atteignent ou dépassent déjà les niveaux de trafic de 2019, mais ils continuent à fonctionner avec un personnel réduit et sans heures supplémentaires pour combler les trous dans les horaires, ce qui fait que les unités à court de personnel travaillent régulièrement des quarts de 12 heures tout en essayant de maintenir l’opération. Ce rythme de travail peut être soutenu sur une courte période, mais aucun plan n’a été mis en place pour ramener les effectifs à leur niveau d’avant le COVID.

La suggestion que la sécurité n’est pas en danger est ce qui est irresponsable.

En ce qui concerne les consultations avec les syndicats de NAV Canada, l’ACCTA a toujours apprécié l’occasion de contribuer au développement et à la prestation des services de la circulation aérienne. Cependant, ces possibilités ne sont plus offertes par NAV Canada dans un passé récent ou aujourd’hui.

Enfin, le conseil d’administration de l’ACCTA souhaite prendre un moment pour vous remercier de vos contributions au cours des derniers mois. Nos membres ont donné l’exemple de la collaboration en s’unissant pendant cette pandémie et en assurant la sécurité du ciel canadien, qui est mise en péril par des actions à courte vue. Pour les contrôleurs de la circulation aérienne, la sécurité est toujours restée la priorité absolue. L’ACCTA sait que tous les membres continueront à travailler et à opérer de la manière professionnelle pour laquelle les contrôleurs aériens sont connus.

Au nom de votre conseil d’administration ;

Doug Best Scott Loder
Président Vice-président exécutif

Ian Thomson, VPR Atlantique
Gord Howe, RVP Central
Nick von Schoenberg, RVP Pacifique
Jerry Brodt, VPR Prairie
Benoit Vachon, RVP St Laurent

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